Atelier n°8: Robbin Deyo

LES SUBSITANCES, NEWS LETTER n°1 – juillet 2002

Mercredi 12 juin, 11h30 … Je pénètre dans l’atelier n°8 en compagnie de cinq dames, pour lesquelles j’effectue une visite guidée des SUBSISTANCES.
Robbin DEYO, plasticienne canadienne en résidence depuis le mois de février, nous accueille, souriante.
Vêtue d’une robe à fleurs estivale aux couleurs vives, elle se tient de profil face à un immense miroir, un pinceau et une palette à la main.
Tout autour de nous, des robes blanches, rouges, roses, noires à petits pois (…), sexy, fluides, romantiques, sensuelles ou strictes : des chaussures, des chapeaux, des gants (…) habitent cet atelier on ne peut plus féminin !

Mes « visiteuses », émerveillées par tant de coquetterie, s’empressent de questionner Robbin sur son travail. Dans un français hésitant mais charmant, la plasticienne explique sa démarche artistique. Dans son atelier, elle revêt des robes achetées ou offertes qu’elle n’a jamais osé porter. Elle se place devant son miroir et reproduit fidèlement son reflet sur une grande toile rectangulaire avec de la peinture à l’huile.
Ses autoportraits, grandeur nature, déposés le long des murs de l’atelier ont chacun une tenue vestimentaire différente.

J’ai pourtant toujours vu Robbin se promener dans les SUBSITANCES en jeans, sans maquillage, les cheveux lâchés naturellement. Dans le travail qu’elle poursuit, elle est ainsi quotidiennement confrontée à une image qui ne lui ressemble pas, laquelle elle a du mal à s’identifier. Ce reflet étranger et pourtant familier devient pour elle un objet « féminin » exposé a son regard critique. Robbin avoue ne pas s’aimer « en femme féminine » bien qu’elle aimerait pourtant … C’est un peu compliqué ! Cet aveu provoque chez nos dames un étonnement : « vous êtes pourtant si belle dans ces tenues ! »

Ce qui frappe nos « visiteuses », c’est l’expression des visages ; ils sont en effet tous reproduits à l’identique, avec la même expression figée. Ces dames précisent alors à Robbin qu’elle est beaucoup plus jolie quand elle sourit !

On s’en doute, la démarche de Robbin n’a pas pour but d’être narcissique et masochiste ! Le projet qu’elle développe depuis six mois aux SUBSITANCES est la suite d’une recherche concentrée sur l’univers féminin et domestique, déterminante dans son travail.

Les autoportraits de Robbin sont la représentation d’une féminité réduite à un simple objet de consommation, d’une beauté irréelle prêtant au fantasme. Ils font écho à toutes ces images que nous consommons quotidiennement et qui nous poussent malgré nous à acheter. Ce projet intitulé « I want to be a princess » traite ainsi et entre autre de la consommation, liée à l’identité et à la construction de soi, par rapport au regard d’autrui. C’est un vaste questionnement sur le moi, une quête personnelle que nous livre ici Robbin DEYO, mais dans lequel chacun d’entre nous (les femmes surtout) peut s’identifier.

Affaire à suivre … de très près !